Quand on échange quelques mots avec les flamands de Blitzen Benz, on se rend vite compte qu’ils ont arrêté de jouer les Sigur Ros pour mieux nous en mettre plein les oreilles. Ou plein le cerveau devrait-on dire. A 20h37, sur la scène des Arcades de Faches Thumesnil, les cinq gus vont mettre une claque à tout le monde dans leur plus simple appareil. Aidés par un jeu de lumière sobre, c’est une longue tirade de 45 minutes à laquelle on va assister, sans interruptions, et sans applaudissements. Sans images non plus, au naturel presque, ils rappellent ici ou là les formidables Explosions In The Sky. Un voyage fait de montées jouissives, de contre-temps mais surtout d’atmosphères langoureuses. Les yeux se ferment, les pieds tapent et les samples retentissent. Blitzen Benz construit et dé-construit sans cesse, prenant un malin plaisir à nous emmener là où il le souhaite. Un concert tout en maîtrise pour un groupe définitivement à suivre de près.
Mark Berube, tête d’affiche du soir, prend la suite dans un format définitivement plus pop mais non moins passionnant. On les croirait débarqué directement d’Air Canada ces quatre membres accoutrés de leur habits de scène. Ils sont pourtant bien en tournée depuis quelques mois, et délivrent leurs contes pop au quatre coin de l’Europe et de Navarre. A quatre voix, ils vont réussir à nous emporter, eux aussi, dans leur univers teinté d’Amérique et de voyages.
Leader charismatique et enjoué, Mark Berube entremêle ses compositions d’anecdotes plus drôles les unes que les autres, et touchantes par moment. On plonge dans ses histoires les bras tendus, en se créant toute une palette d’images sans se heurter à un quelqconque obstacle. « Carnival » joué au tiers du set sera apprécié à sa juste valeur mais ne volera aucunnement la vedette aux autres morceaux. On est surpris par tant de beauté et de simplicité et on se dit que la barre a été mise bien haute pour cette première date du Festival.
Dorian Briquanne