BILAN SCENIQUE ET ARTISTIQUE // HASSAN K

Mic Vanzele est un personnage. Depuis 2009, il est Chargé de l’accompagnement artistique à l’ARA (Autour des Rythmes Actuels) de Roubaix. En clair, sa vision de l’accompagnement ne souffre d’aucune ambiguïté et il le fait savoir. Passionné et animé par son travail, il donne comme ligne de conduite pour l’ARA, et pour les personnes qu’il accompagne, l’épanouissement de l’individu aux travers de l’apprentissage musical et plus généralement à travers la musique.

Tour de Chauffe inclue dans le dispositif un Bilan Scénique et Artistique. Artistique dans le sens où il est transversal à toutes les pratiques et s’appuie sur le postulat qu’un groupe ou un musicien a l’envie de progresser. En l’occurrence, ce bilan s’intéresse aux pratiques amateurs dans Tour de Chauffe.  L’ARA s’adapte donc en permanence à la volonté et aux souhaits de ses interlocuteurs.

Concrètement, qu’est-ce qu’un Bilan Scénique et Artistique dans le cadre de Tour de Chauffe ?

Mic m’a offert l’opportunité d’assister à cet exercice réservé habituellement aux groupes et aux professionnels conviés pour l’occasion. Je l’en remercie. C’est avec lui et Hassan K que j’ai rendez-vous en ce mercredi après midi rayonnant. L’objectif n’est pas de prendre le soleil mais bel et bien de s’enfermer dans une salle, d’y dresser un bilan, et de mettre en exergue des pistes à explorer et plus globalement de donner un retour sur la prestation donnée.

Ce bilan, qu’il soit ou non réalisé dans le cadre de Tour de Chauffe débute obligatoirement par un entretien téléphonique ou une rencontre entre Mic et le groupe ou l’artiste concerné. En fonction de la motivation du groupe, de son discours, de son champ artistique et technique, Mic choisit des intervenants qu’il convie au BSA. Ces derniers doivent ensuite rédiger un rapport du bilan, un compte rendu écrit permettant de garder trace de ce qui a été dit et proposer.

La salle de l'Alcatraz où a eu lieu le BSA d'HASSAN K

Il est 14h, Keyvane Alinaghi aka. Hassan K arrive à l’Alcatraz au sous-sol de l’ARA. Il dispose désormais de deux heures aux côtés d’un ingénieur du son pour installer son matériel dans des conditions idéales, aussi bien sur le plan technique que sur le plan du temps accordé. Cependant, le bilan a déjà commencé avec le technicien qui prend note des différentes techniques et habitudes de l’artiste lors de son installation et surtout de ses réglages.

Seconde étape du processus, il est rejoint par deux autres professionnels. – Les intervenants ne sont pas systématiquement choisis en fonction de l’esthétique scénique et artistique du musicien. Au contraire les professionnels peuvent venir d’esthétiques musicales éloignées, afin d’apporter au diagnostic une vision globale et enrichissante. – Ces derniers commencent par lui poser des questions sur son parcours antérieur, sur la raison de sa présence à Tour de Chauffe etc.

Pour ce qui ne le connaisse pas, Keyvane considère Hassan K comme son projet le plus coloré. Depuis 2009, il le développe autour de divers outils et a sorti deux albums auto-produits. Selon lui, ce projet est toujours en phase de développement. Sa sélection à Tour de Chauffe lui offre la possibilité de consacrer le temps qu’il n’a pas eu l’occasion de prendre par le passé pour se concentrer entièrement sur ce projet et le mener à bien.  C’est en tout cas ce qu’il a globalement répondu aux questions des professionnels.

HASSAN K en pleine prestation

Viens ensuite le temps des festivités sous la forme d’un concert live d’une trentaine de minutes afin de se projeter dans la position d’une première partie. Face à une salle volontairement mise dans le noir et quasi vide, l’artiste réalise sa prestation sous les yeux et les oreilles concentrées des professionnels. Une situation qui peut paraître anodine mais qui au final peut rendre les choses plus déstabilisatrices que de jouer devant plusieurs dizaines voire centaines de personnes. Une fois son mini-concert terminé, l’artiste rejoint les professionnels et s’entament une discussion où chacun des intervenants émet une position, un avis et des précautions qu’il souhaiterait voir s’ajouter ou retirer à la prestation.  La discussion et l’échange de points de vue se développent autour des positions de chacun. L’intérêt d’un tel débriefing – à chaud – est bien de mettre en évidence des choses que certains voient ou entendent et d’autres pas. En effet, chaque professionnel vient avec son expérience, son domaine de prédilection et sa sensibilité, et il peut arriver que deux personnes ressentent et/ou comprennent – ou pas – une performance de manière diamétralement opposé.

Il est également affaire de questionnement, aussi bien sur le plan du placement des instruments que du placement dans l’espace de l’artiste. Ce dernier se confronte à ce qu’observe le spectateur, ce qu’il aimerait voir lors de la prestation ou ce qu’il considère comme accessoire et dispensable. Tant de questions qui se posent avec l’artiste lors de cette discussion qui peut parfois prendre l’allure d’une confrontation de points de vue.

Le but ? Donner des pistes à travailler lors de la résidence qui suit généralement ce bilan et permettre à l’artiste de tester des choses, en respectant et sans remettre en question sa démarche de création artistique. Il s’agit là d’un rappel des priorités à aborder lors du travail en résidence afin de trouver si ce n’est pas encore fait, son identité musicale.

Ce bilan vient réellement se placer comme première pierre à l’édifice Tour de Chauffe, pierre sur laquelle le dispositif repose et à partir duquel il évolue.

Dorian BRIQUANNE

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