TOUR DE CHAUFFE

Et les lauréats 2O14 sont…

BLITZEN BENZ – post rock

ELLIS BELL – Folk impression

FEEL – rock alternatif

FOOLS FERGUSON – pop classieuse et acide

FVLL – hip hop

MALAX – chanson

MANIC MAYA – folk

MOMMA SAID SO – pop

NUMEROBE – electronica
SELENIAN – Cloudpop

SP MUZIK – rap

THE RHINOGRADES – Surf Garage

UNIK UBIK – Afro Jazz

WHAT ABOUT WASHINGTON ?– Indie rock

Maison de la Culture de Tournai

 

Encore une belle année qui témoigne de la richesse des projets musicaux issus du territoire eurométropolitain. Une année franco-belge qui affirme son rayonnement transfrontalier en accueillant pour la deuxième année consécutive des musiciens belges !

www.tourdechauffe.fr

Ce 29 novembre, franchir les portes de la Maison Folie Moulins, c’est un peu comme croquer à pleine dent dans la madeleine. On n’a pas sorti le baggy, ni le skateboard, mais sur le papier, on attend beaucoup de cette soirée mise sous le signe revival 00’s. Ô on ne sera pas déçu.

Placés judicieusement en ouverture, les valenciennois d’Alien Subway débutent leur partition devant une salle déjà très bien garnie. Visiblement heureux d’être de la fête,  le quatuor rentre directement dans le vif du sujet et balance une pop-punk dans la pure tradition des NOFX et cie. Sans révolutionner le genre, les quatre musiciens prennent leur rôle de chauffeurs de salle très à coeur, entrecoupant les morceaux de nombreuses blagues et autres anecdotes. On appréciera leur implication pendant 45 minutes devant un parterre qui, au fil des minutes, devient de plus en plus impatient.

Six ans après le dernier voyage des frères mancuniens dans la capitale des Flandres, impatience est en effet le mot de toutes les conversations. Précédé par leur réputation live, le groupe ouvre avec Darwin Smiles qui lance parfaitement la machine. La suite est du même acabit, ça déroule à cent à l’heure, ne laissant aucun répit au public. Ce dernier est mis à contribution à de nombreuses reprises par le frontman Thomas Gorman, qui tombera même le haut en milieu de concert (apparemment pour la 1ère fois, on a le droit d’en douter ?).

Crédits : Morgane Lespleque

Des années après, les mélodies des quatre anglais font mouche comme au premier jour. Les titres de leur nouvel album n’ont eux, pas à rougir et  tiennent la dragée haute à leurs glorieuses aînées. Un concert de haute volée donc, ponctué de tous les tubes chers aux fans de la première heure (Origin Of Illness, Follow etc.).

Le déluge d’électricité a bien eu lieu. On titube lentement vers la sortie, les oreilles sifflotent pour un moment… Nul doute le gâge d’une bien belle soirée.

Salle comble ou presque à la Ferme d’en Haut en ce mercredi soir frileux. Et tandis que la queue ne désemplit pas, on se faufile jusqu’au bar en attendant la messe tant attendue.

Pour ouvrir les hostilités, Shadow Motel, jeune trio chevelu et bruyant, mais pour la bonne cause. A peine on regrette nos bouchons restés sagement posés sur la table du salon qu’une claque inattendue nous saisit de plein fouet. Scotché… Les touches, les cordes et les fûts ne sont pas épargnés, l’audience, elle, acquiesce. Pas d’autre choix devant cette longue et lourde déflagration brut qui emplit les moindres recoins de la salle.

Aperçu quelques minutes auparavant fendant la foule, Lee Ranaldo n’a lui pas pris une ride. Ses cheveux blancs trahissent une époque Sonic Youthienne maintenant quelque peu révolue, mais réunie à moitié pour l’occasion. Sur scène, c’est ainsi accompagné de trois musiciens, dont Steve Shelley, que le show se présente. Avec une mise en scène réduite à son strict minimum, l’homme orchestre de la soirée reste tout de même placé au coeur des débats.

Débat il n’y a pas quand on observe le plaisir aguicheur que prend le New Yorkais à chacun de ses riffs. Et ce n’est pas les différents accessoires (archer, cloche) qu’il utilisera ce soir là qui nous feront dire le contraire.

Question de goût, ou d’appréciation, on prendra plus de plaisir à voir le guitariste s’épancher sur ses cordes et faire crisser sa belle que lorsqu’il assurera le boulot au micro. A vrai dire, on serait presque frustré si le show n’était pas aussi carré. Car Lee Ranaldo, soyez en sûrs, est le genre de musicien généréux et authentique avec son public qui le lui rend bien. La messe est dite.

La réputation de la Condition Publique n’est plus à faire. La qualité et l’exigence de ses soirées sont connues et admises. L’an dernier, Tour de Chauffe recevait le globe trotter Filastine qui, armé d’un cadis et d’un mégaphone, avait littéralement soufflé l’audience de l’Alimentation. Si cette fois la scène s’est mouvée dans les murs même de la Condition, il n’en reste pas moins que l’affiche reste à la hauteur.

Free Jazz et Hip Hop au programme

Les cinq d’Eliogabal ne font pas dans la dentelle en ce qui concerne l’expérimentation. Pas d’excuses, ça prend ou ça ne prend pas. Il nous faut un temps de compréhension pour se laisser porter par les digressions longues de plusieurs minutes propres à ce style. Loin, très loin des conventions, Eliogabal étire à n’en plus finir ses morceaux, apposant ici ou là de la distorsion qui nous renvoie à nos chères études. Le light show rougeâtre prêche l’enfer et nous lit l’avenir. On reste quelque peu interloqué, le temps de longues secondes. Ils ont réussi leur pari.

La venue de Mouche, elle, ne dénote en rien par la suite. Projet hip hop aux textes aussi lourds que ses beats, Mc Mwano nous y déclame un monde empli de contes plus sombres les uns que les autres. La rime riche répond au beatbox de Mystraw et les insectes n’ont qu’à bien se tenir. Entre le parler et le rapper, l’indéniable qualité de l’écriture fait mouche (hum…). Musicalement, c’est un peu la rencontre du troisième type façon poupées criardes et orgue désarticulé, ou l’inverse. Le public et nous même en sortons très largement conquis.

Plus qu’une attente ensuite, celle de La Gale, projet de la piquante Karine Guignard. La jeune lausannoise fût révélée par sa présence à l’affiche de la série De L’encre, réalisée par Hamé et Ekoué de La Rumeur.

A peine le temps de reprendre notre souffle que les premiers beats résonnent dans l’imposante salle du soir. Surprise, aucun DJ à l’horizon. Ils feront sans, elle et son backeur, alternant les allers retours vers l’ordinateur à la pomme qui fera office de messie ce soir là. Venue du Punk, c’est avec ardeur que la rappeuse déclame ses textes sans sourciller, bien appuyée par un collègue de jeu très présent. On en attendait pas moins à l’écoute d’un album très réussi. Leur show est calé, rodé, et si ce n’est l’absence regrettable de leur DJ, on ne fait pas la fine bouche.

Pour ne pas changer, une jolie soirée à la Condition Publique. Mais, soyons honnêtes, nous n’en attendions pas moins.

Qu’est ce qui vous a motivé à proposer votre projet pour Tour de Chauffe ?

Il faut avouer qu’on ne pensait pas du tout être retenu par le dispositif Tour de Chauffe cette année. Lorsque nous avons envoyé notre candidature, l’objectif était plutôt de se faire connaître par le dispositif pour le jour où nous aurions été prêts. Nous pensions en effet qu’il fallait être déjà bien implanté sur la métropole pour espérer être retenu, or nous étions plutôt implantés sur la Picardie lorsque nous avons proposé notre candidature. Du coup, le résultat est excellent : nous sommes passés du dispositif « Prise de Son » par le Patch l’an dernier, à Tour de Chauffe cette année. Cet enchaînement  d’accompagnements nous permet de rester dynamique, de catalyser notre évolution artistique, mais aussi de prendre confiance en ce projet qui semble aussi bien fonctionner sur les deux régions. Notre victoire au Music Ado en 2011 nous a certainement bien aidé pour être sélectionnés à Tour de Chauffe. Nous avions en effet déjà eu affaire à l’ARA et à certains de ses intervenants, et les conseils de ces derniers se sont révélés très utiles.

Mémoires de Jack – Unplugged Invasion! 1/3 par RollinBunkers

Que retenez-vous de cette année d’accompagnement ? 

De notre Bilan Scénique et Artistique, nous retenons qu’une cymbale ne sert à rien dans notre créneau musical, et que les amplis ne sont pas obligés de cruncher en permanence. La prise en compte de ces bons conseils de Fred Frambourt ont résolument changé notre son du jour au lendemain. En outre, notre batterie prend désormais moins de place sur scène comme dans la voiture. On s’est aussi rendu compte qu’il était judicieux de se préoccuper du son de la basse, ce sombre instrument que peu de gens écoutent. Le changement de cordes et d’ampli s’est avéré très important. De notre résidence, nous retenons notre précieuse rencontre avec ce cher Damien Lepoutre. En réalité, il s’est déroulé plusieurs mois entre notre Bilan Scénique et Artistique et notre résidence, cela faisait donc longtemps que nous avions mis en oeuvre les conseils que nous avions reçus. Du coup, que faire à Comines pendant une semaine à part boire des bières belges ? Et bien Winston a reçu des leçons d’accordage de batterie par Pierre, et nous avons enregistré l’équivalent de deux EP avec Damien. Au Studio Ka, avec notre Patrice adoré, nous avons enregistré un titre d’un peu plus de 11 minutes qui sera divisé en deux pour Tour de Chauffe, ainsi que des voix et des overdubs sur les prises de Damien. Ces pistes ont été confiées à Johann Simon, que nous avons rencontré à l’ARA en 2011, et qui s’occupe des enregistrements du Music Ado. A ce propos, notre second EP arrive ! Il y a aussi eu la séance photo avec Daniel, qui s’est déroulée dans un lac interdit à la baignade pour raison de santé publique et d’insalubrité, à Villeneuve d’Ascq. C’était magnifique et odorant. Harry s’est coupé le pied au fond de l’eau trouble, la blessure n’a pas entraîné sa mort.

L'eau à la bouche – Unplugged Invasion! 2/3 par RollinBunkers

Le Festival approche, comment vous le préparez ? Avez-vous travaillé quelque chose de particulier pour cette date ?

Pour le festival, nous avons préparé un set de 30 minutes sans interruption. Le public ne devrait pas avoir le temps de nous applaudir avant la fin de cette demi-heure. Cet exercice reste très physique, mais surtout plus musical que ce que nous donnions en live par le passé. Les riffs fusent dans tous les sens sans se répéter, nous rapprochant plutôt d’un garage progressif que du Rock&Roll 60′ qui nous a suivi durant nos trois premières années d’existence.

Quelle suite après cette année d’accompagnement ?

Maintenant que nous sommes « labélisés » Tour de Chauffe, il nous sera plus facile d’atteindre les Scènes de Musiques Actuelles du Nord Pas de Calais. Ainsi, nous tenterons une percée au sein du réseau RAOUL dès que le second EP sera prêt, avec le site web et le clip qui vont avec. Nous aurons également un troisième EP à sortir début 2014. La stratégie de la conquête de la Région est donc bien lancée, avec une tournée de 10 dates dans les bars lillois qui s’est déroulée en octobre. C’est pourquoi nos plans s’établissent de plus en plus vers le Sud et l’Ouest, vers les café concerts du Havre, de Paris… L’aventure continue !

Qu’est ce qui vous a motivé à proposer votre projet pour Tour de Chauffe ?

Tour de Chauffe, déjà, le nom sonnait bien ! Quand l’un de nos amis nous a conseillés de s’inscrire, on a vraiment commencé à regarder de plus près ce que c’était. Il nous avait uniquement parlé du festival. On ne savait pas que c’était un énorme processus d’accompagnement qui était proposé, avec une date dans une belle salle de concert à la clé. On se doutait encore moins de l’enregistrement studio, des résidences, des ateliers, du shooting photo, du forum, des concerts etc. Bref, une telle opportunité de travailler sérieusement son projet, ça donne forcément envie d’en être. Nous nous sommes donc inscrits et avons eu la chance d’être sélectionnés parmi plus d’une centaine de candidatures, une grande fierté !

Que retenez-vous de cette année d’accompagnement ? 

Dans un processus comme celui-ci, on se souvient de tout, car finalement tout est utile. Tout d’abord le bilan scénique (première entrée en matière dans le processus). Tu arrives à 9h00 du mat’ et tu balances ton set devant un jury… Rien que ça, ça reste en tête ! Et puis viens ensuite le moment du débrief où on te dit ce que tu es / fais / dégages lorsque l’on te voit jouer, toujours dans un parfait respect de ce que tu souhaites faire, toujours en visant l’amélioration de ton projet, avec de bons conseils mais en aucun cas avec de la méchanceté dans les propos. Outre certaines choses que l’on sait déjà sur soi, cela te permet de prendre à la fois un certain recul sur ton projet et d’apprendre à écouter les avis extérieurs.

On pourra retenir également les efforts et le travail que l’on a fourni pour assurer notre présence au sein de Tour de Chauffe et ce que le projet Tour de Chauffe a développé au sein du line-up. Du bilan scénique que nous avons fait à 2 membres seulement puis à 3, nous serons 4 sur scène lors de la date du 29 Novembre prochain. C’est vraiment un projet pour lequel on ne perd pas à travailler et à s’investir.

Nous retiendrons les méthodes de travail, de répétitions, de résidences et de studios que l’on nous a conseillés (fillage à l’italienne, mise à niveau de l’envoi de samples, techniques de studios, placement sur scène, initiation au son et aux lights etc.), et on retiendra aussi que toute l’équipe Tour de Chauffe est sympa, arrangeante et professionnelle. Tout le monde est là pour dire les choses et/ou les arranger mais jamais pour juger.

Le Festival approche, comment vous le préparez ? Avez-vous travaillé quelque chose de particulier pour cette date ?

Nous le préparons en travaillant le set et ses samples. Je crois que nous sommes les derniers ou avant-derniers à entrer en résidence pour cette édition Tour de Chauffe. De ce fait, nous allons pouvoir travailler sur la scène du Nautilys de manière totalement minutieuse et appliquer tous les conseils apportés, mettre en place un show et sa set-list, prendre nos marques tous les quatre sur la scène. Le festival approche en effet et nous sommes d’ailleurs très impatients. Pour le moment, il faut mettre tout le monde au courant, faire la promo etc. Pas le temps de chômer. Nous avons la chance de partager la scène de la Maison Folie Moulins avec un très bon groupe (Kill The Young), ce sera l’aboutissement de notre projet avec Tour de Chauffe et nous voulons montrer que nous sommes de bons élèves. Certes, à la fin du dernier morceaux de la soirée, le processus d’accompagnement sera terminé pour nous, mais toutes les bonnes choses ont une fin. De plus, l’équipe a laissé entendre à tous les groupes que la fin de Tour de Chauffe ne signifie pas que l’on nous laisse tomber.

Quelle suite après cette année d’accompagnement ?

Nous continuerons comme nous faisions avant Tour de Chauffe, mais fort de ce bagage. Continuer de jouer partout où nous le pourrons et sillonner les routes. Travailler de manière toujours plus efficace comme on nous l’a appris au cours de ce processus, prendre du plaisir et avancer. Une fois le processus terminé, nous avons pour projet de sortir un EP 5 titres que nous préparons depuis le début de l’année, mis entre parenthèses pour nous consacrer à Tour de Chauffe (certains titres sont déjà enregistrés, d’autres vont bientôt l’être), et de tourner le clip d’un des titres de ce futur EP. Tout un programme ! On compte sur vous tous pour continuer à nous suivre.